samedi 17 décembre 2011

Varroa : acide oxalique et idée reçue

Dernièrement j'ai assisté dans le cadre d'une réunion dédiée à la lutte contre le varroa et chapeautée par un GDSA, à une démonstration de traitement des abeilles à l'acide oxalique. Deux procédés (sublimation et dégouttement) étaient proposés et le plus surprenant a été d'entendre une ineptie proférée par des apiculteurs qui ont pourtant des dizaines d'années de pratique apicole derrière eux.

A les entendre, dans la méthode par dégouttement, le sirop additionné d'acide oxalique serait destiné à être ingurgité par les abeilles et l'assistance, toute ouïe, a donc ingurgité cette bonne parole comme on fait avaler des couleuvres aux naïfs.

Que les choses soient claires et qu'en la matière, les idées reçues soient définitivement écartées !

L'acide oxalique employé par dégouttement et d'ailleurs aussi par sublimation agit par voie topique.
La voie topique est la procédure qui consiste à appliquer une crème, une lotion, une pommade, une poudre, un shampoing ou à vaporiser un traitement sur la peau afin d'obtenir un effet local. Le sirop est uniquement destiné à "coller" le traitement sur l'abeille afin qu'elle le transmettre aux autres abeilles par action mécanique (frottement dans la grappe). On pourrait très bien employer de l'eau à la place du sirop mais l'adhérence de l'acide oxalique sur l'abeille et sur le varroa ne serait pas efficace. Le procédé par sublimation est basé sur la saturation gazeuse momentanée du volume intérieur de la ruche pour le même effet topique. A noter qu'il existe une autre méthode d'application du traitement, c'est la méthode par pulvérisation, elle est peu employée car il faut sortir les cadres sous des températures inappropriées.

L'acide oxalique employé sur l'abeille par frottement (dégouttement) ou par gaz (sublimation), a un effet identique. Le produit traverse la cuticule de l'abeille et du varroa et parvient dans leurs tissus quelques heures après l'application. C'est pourquoi le résultat du traitement n'est pas instantané et qu'il faut au minimum 48 heures pour commencer à en voir les effets et que d'autre part il est indispensable de respecter scrupuleusement le dosage de manière à tuer le varroa et pas l'abeille avec. C'est aussi pour cette raison qu'il est impératif de n'appliquer qu' UN SEUL traitement par an, hors couvain (fin décembre) car l'effet cumulatif serait mortel pour l'abeille. N'oublions jamais que le traitement à l'acide oxalique n'est pas anodin pour elle.

Le principe d'action de l'acide oxalique, une fois arrivé dans les tissus de l'abeille et du varroa est en cours d'identification. A priori, on pourrait croire que c'est le seul effet acidifiant fort (0,9 de pH, non dilué) qui agit dans le traitement mais d'autres pistes sont en cours d'analyse. Le principe d'administration et d'assimilation par l'abeille et le varroa d'un des plus forts acides organiques d'origine végétale au monde (acide oxalique) est identifié, seul le principe d'action est en cours d'études. 

Si l'on devait tirer une morale de cette histoire, ce serait que :

Ce n'est pas le nombre des années de pratique en apiculture qui véhicule forcément la vérité.

Voilà, je tenais à remettre dans le droit chemin une idée reçue, fausse de surcroît et véhiculée par des démonstrateurs d'un Groupement de Défense Sanitaire des Abeilles.

( Une partie des éléments d'explication évoqués ci-dessus émane de Jean-Marie Barbançon, DMV (GDSA26) et de Denis Monod (GDSA13) : rendons à César ce qui est à César ! )

mardi 13 décembre 2011

D'un Nobel à l'autre

Comme vous avez pu le lire il y a bien longtemps sur ce blog, le livre qui a déclenché ma passion pour les abeilles est sans conteste le livre du Nobel de littérature Maurice Maeterlinck :  "La vie des abeilles".
Plusieurs dizaines d'années plus tard je peux vous dire que ce livre est complètement dépassé et que je n'hésite pas un instant à passer d'un Nobel à l'autre, de médecine, cette fois : Karl Von Frisch. Son "Vie et Moeurs des abeilles" est excellent au moment on l'on se pose de nombreuses questions sur la disparition des abeilles.


Von Frisch expose son travail sur la perception par les abeilles du monde extérieur et sur l'aspect comportemental de ces dernières.
Quand on a commencé la lecture de cet ouvrage, on va d'une traite, jusqu'au bout des 247 pages de ce régal de livre.

Etre performant en apiculture

L'approche des fêtes de Noël et les longues soirées d'hiver sont propices à la lecture.
Sans vouloir jouer le Bernard Pivot d'Apostrophes, il n'est pas inutile de parler des livres que l'on plébiscite dans le domaine de l'apiculture. L'année dernière sur ce forum il avait été évoqué le cas de ce que certains considèrent comme la bible en apiculture (le Traité Rustica), cette fois, c'est sans ambiguïté que je mets en avant le meilleur livre d'apiculture généraliste avec un rapport qualité/prix imbattable de mon point de vue.


D'un format pratique, imprimé sur du beau papier, sans s'encombrer d'une palanquée de photos, avec des conventions graphiques claires pour la compréhension des dessins, ce livre est un livre très typé Nord, ce qui colle le plus à nos pratiques apicoles dans notre partie de France.

Pourquoi typé "Nord" ?

Tout simplement parce que dans les livres d'apiculture généraliste on arrive très facilement à discerner l'influence du sud et de la méditerranée par opposition à celle du nord de la Loire en faisant une cote mal taillée, bien entendu. La végétation, les pratiques, les reliefs, le climat, les matériels ne sont pas les mêmes en Provence et dans le Nord.

Ce livre de Hubert Guerriat a obtenu une très méritée médaille de bronze au concours Apimondia de 1997.

A lire sans modération.

dimanche 11 décembre 2011

Comptage des varroas

Dimanche 11 décembre 2011 : 7 degrés

A saison exceptionnelle, surveillance exceptionnelle. En effet, la douceur de l'automne a engendré un comportement des abeilles hors norme. Le couvain est resté présent tardivement, ce qui a eu pour conséquence de voir le varroa se développer. La pose sur 48 heures des plateaux-tiroirs sous le fond des ruches est nécessaire pour le comptage des varroas.


Le verdict est sans appel, les varroas sont bien présents parmi les divers débris et il faudra effectuer un traitement à l'acide oxalique par dégouttement après une bonne douzaine de jours de froid. Il est encore trop tôt pour le faire.

Autre remarque concernant le positionnement de la colonie en hiver. Comme c'était attendu, elle se situe bien du coté de l'entrée de la ruche sur environ 3-4 cadres. Le traitement par dégouttement devra donc cibler particulièrement cet endroit.

vendredi 9 décembre 2011

Conférence du Dr Lionel Garnery

Lionel Garnery est Maître de Conférence à l'Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines. Etude de l’histoire évolutive des espèces d’abeilles, phylogéographie, évolution moléculaire, conservation de la diversité génétique et éco-éthologique de l’abeille. Il fait partie du CNRS de Gif sur Yvette et s'occupe du conservatoire d'Ile de France de l'abeille noire.

Les recherches de Lionel Garnery et de ses collègues lui permettent de définir avec précision les 4 lignées évolutives principales de l'abeille  : la lignée M (à l’ouest de l’Europe : de l’Espagne à la Scandinavie), la lignée C (au centre et au nord de l’Europe) la lignée A (en Afrique) et la lignée O (en Turquie et dans le Caucase). Chacune de ces lignées s’est diversifiée en plusieurs races géographiques (ou sous-espèces). Au total 26 races ont été décrites jusqu’à présent sur la base de caractères morphologiques génétiques écologiques et comportementaux.
 Une partie de la conférence était consacrée à l'interpénétration des races d'abeilles dans la zone habituelle de l'abeille noire en France. La carte que vous voyez sur la photo est explicite pour la France où l'on retrouve quelques régions ou l'abeille noire domine encore (cercles de couleur entièrement rouge). Lionel Garnery a évoqué le problème de la consanguinité dans certains conservatoires comme celui d'Ouessant ou de Porquerolles.

Une telle conférence permet de remettre en place les idées souvent fausses et les quelques invités ont pu ainsi enrichir le socle de leurs connaissances sur l'abeille.

Pesée des ruches

Comme vous allez le constater dans le tableau ci-dessous, il se passe des choses singulières cette année.
  1. arrière saison particulièrement douce
  2. couvain tardif
  3. réserves de provisions qui baissent dangereusement
  4. comportement différent en fonction des races d'abeilles
 En effet les ruches 1 et 2 ont des abeilles de race Buckfast x Cécropia tandis que la ruchette possède des abeilles locales. Leur comportement est diamétralement opposé sur leur gestion des provisions.

Il faudra être très attentif et prévoir un complément de candi le moment venu.



Ruche 1 Ruche 2 Ruchette

(10 cadres de corps) (9 cadres de corps + 1 nourrisseur cadre vide) (9 cadres de hausse)




17 octobre 2011 46 Kg 37 Kg 28 Kg
7 décembre 2011 40 Kg 32 Kg 30 Kg




Bilan - 6 Kg - 5 Kg + 2 Kg




Plantation des végétaux








Tout apiculteur doit se pencher aussi sur la diversité botanique et nous sommes en pleine saison de plantation des végétaux bien choisis pour nos abeilles.















Voici des exemples de végétaux qui ont eu ma préférence cette année.

mercredi 7 décembre 2011

7 décembre : Saint-Ambroise

Patron des apiculteurs

Du grec « ambrotos » qui signifie immortel .... que demander de plus !

Bonne fête et longue vie à tous les apiculteurs.