Dernièrement j'ai assisté dans le cadre d'une réunion dédiée à la lutte contre le varroa et chapeautée par un GDSA, à une démonstration de traitement des abeilles à l'acide oxalique. Deux procédés (sublimation et dégouttement) étaient proposés et le plus surprenant a été d'entendre une ineptie proférée par des apiculteurs qui ont pourtant des dizaines d'années de pratique apicole derrière eux.
A les entendre, dans la méthode par dégouttement, le sirop additionné d'acide oxalique serait destiné à être ingurgité par les abeilles et l'assistance, toute ouïe, a donc ingurgité cette bonne parole comme on fait avaler des couleuvres aux naïfs.
Que les choses soient claires et qu'en la matière, les idées reçues soient définitivement écartées !
L'acide oxalique employé par dégouttement et d'ailleurs aussi par sublimation agit par voie topique.
La voie topique est la procédure qui consiste à appliquer une crème, une lotion, une pommade, une poudre, un shampoing ou à vaporiser un traitement sur la peau afin d'obtenir un effet local. Le sirop est uniquement destiné à "coller" le traitement sur l'abeille afin qu'elle le transmettre aux autres abeilles par action mécanique (frottement dans la grappe). On pourrait très bien employer de l'eau à la place du sirop mais l'adhérence de l'acide oxalique sur l'abeille et sur le varroa ne serait pas efficace. Le procédé par sublimation est basé sur la saturation gazeuse momentanée du volume intérieur de la ruche pour le même effet topique. A noter qu'il existe une autre méthode d'application du traitement, c'est la méthode par pulvérisation, elle est peu employée car il faut sortir les cadres sous des températures inappropriées.
L'acide oxalique employé sur l'abeille par frottement (dégouttement) ou par gaz (sublimation), a un effet identique. Le produit traverse la cuticule de l'abeille et du varroa et parvient dans leurs tissus quelques heures après l'application. C'est pourquoi le résultat du traitement n'est pas instantané et qu'il faut au minimum 48 heures pour commencer à en voir les effets et que d'autre part il est indispensable de respecter scrupuleusement le dosage de manière à tuer le varroa et pas l'abeille avec. C'est aussi pour cette raison qu'il est impératif de n'appliquer qu' UN SEUL traitement par an, hors couvain (fin décembre) car l'effet cumulatif serait mortel pour l'abeille. N'oublions jamais que le traitement à l'acide oxalique n'est pas anodin pour elle.
Le principe d'action de l'acide oxalique, une fois arrivé dans les tissus de l'abeille et du varroa est en cours d'identification. A priori, on pourrait croire que c'est le seul effet acidifiant fort (0,9 de pH, non dilué) qui agit dans le traitement mais d'autres pistes sont en cours d'analyse. Le principe d'administration et d'assimilation par l'abeille et le varroa d'un des plus forts acides organiques d'origine végétale au monde (acide oxalique) est identifié, seul le principe d'action est en cours d'études.
Si l'on devait tirer une morale de cette histoire, ce serait que :
Ce n'est pas le nombre des années de pratique en apiculture qui véhicule forcément la vérité.
Voilà, je tenais à remettre dans le droit chemin une idée reçue, fausse de surcroît et véhiculée par des démonstrateurs d'un Groupement de Défense Sanitaire des Abeilles.
( Une partie des éléments d'explication évoqués ci-dessus émane de Jean-Marie Barbançon, DMV (GDSA26) et de Denis Monod (GDSA13) : rendons à César ce qui est à César ! )
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